L’intelligence artificielle n’est pas seulement une révolution technologique pour la communauté éducative. Elle redéfinit les gestes professionnels et les compétences nécessaires pour un usage raisonné. Elle ouvre de nouveaux possibles pédagogiques, elle peut accompagner et personnaliser les apprentissages. Mais elle les interroge aussi profondément : Comment redéfinit-elle et/ou renforce-t-elle les gestes professionnels tel que celui d’évaluer ? Quel est le sens de l’effort et du travail de l’élève quand la machine génère des contenus à sa place ? Comment préserver la relation humaine et la construction du « Nous » fondement de l’Ecole de la République dans un monde algorithmique qui tend à fabriquer du « Je » ? S’approprier l’IA, c’est la questionner, l’éprouver, la contester. C’est accepter que son intégration ne soit ni linéaire ni consensuelle, mais qu’elle passe par des tensions, des débats, des essais et des erreurs. En un mot : par un conflit ou davantage par une nécessaire « coopération conflictuelle ».  Une coopération où les enseignants ne sont pas de simples utilisateurs, mais des acteurs critiques. Où les élèves ne sont pas de passifs consommateurs, mais des apprenants éclairés et capables de s’intégrer dans un monde numérique. Une coopération où enseignants, élèves et machines apprennent à travailler ensemble, non sans tensions, mais avec lucidité. Une alliance où le conflit n’est pas un échec, mais une étape. Où la méfiance initiale devient le terreau d’une confiance active, construite collectivement pas à pas.